Sivens, 26/10/2014 : la mort d'un botaniste de 21 ans

 

Réflexions sur le destin de Rémi Fraisse :

 

 Rémi Fraisse à Taizé (au centre, doigt levé), quelques mois avant sa mort.

 

 

Il faut lire la tribune poignante publiée par sa famille : 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/10/22/a-remi-fraisse-notre-fils-mort-il-y-a-un-an_4794882_3232.html

Rémi Fraisse était un non-violent : quelques mois avant Sivens, il faisait un séjour spirituel à Taizé... Il est mort de la double violence des gendarmes (envoyés en ce lieu où il n'y avait rien à protéger) et des commandos black blocs, que les polices des gouvernements libéraux laissent  venir dans des manifestations écologiques légitimes pour les transformer en combats de rue. Après quoi les gouvernements  – et les porte-parole des firmes de BTP –  amalgament et dramatisent*.

Ce garçon de 21 ans a été tué par une grenade offensive lancée par la gendarmerie. Il s'agit d'une arme de guerre : son emploi était-il proportionné à la situation à cette heure-là ? Une enquête a été ouverte, mais à contre-coeur – et elle n'avance pas. Elle reculerait plutôt, explique le journaliste Sylvain Mouillard (Libération 23/10) :

<< L’information judiciaire contre X pour «violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner», ouverte le 29 octobre 2014, n’a pour l’instant débouché sur aucune mise en examen. Aucune reconstitution n’a été effectuée, aucun appel à témoignages lancé. Selon le Monde, les deux juges toulousaines en charge du dossier n’ont pas demandé d’acte d’investigation depuis le mois de mars. C’est à cette époque qu’elles ont reçu sur leur bureau les premiers résultats d’une commission rogatoire. Ce travail d’enquête, réalisé par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) et la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse, ne s’écarte pas de la thèse martelée par les autorités : la réponse des forces de l’ordre a été proportionnée et conforme aux procédures... >>

« On a l’impression d’une enquête totalement à décharge pour les gendarmes : elle donne une vision déformée de la réalité ce jour-là, afin de légitimer l’emploi de la grenade offensive qui a tué Rémi », souligne l'avocate de la famille de la victime. Sylvain Mouillard rappelle que « le lieutenant-colonel en charge du dispositif avait dans un premier temps fait part de la demande du préfet du Tarn de “faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants”. Une position relativisée par la suite... >>

 

<< A Lyon, le 31 octobre 2014, se tient une soirée-débat étendue en direct à toute la France par relais internet, sur le thème : Les catholiques face aux enjeux de l'écologie. Elle est organisée par une jeune et brillante association, les Alternatives catholiques (alias « les Altercathos ») : sorte de think-tank fondé par des normaliens pour évangéliser, comme dit le pape, les périphéries de la pensée contemporaine, les Altercathos proposent des séries de rencontres sur les questions brûlantes ; ils ont même ouvert un « café de philosophie » sous le patronage spirituel de Simone Weil... Le débat du 31 octobre commence par une minute de silence en hommage au jeune botaniste Rémi Fraisse, tué à Sivens quatre jours plus tôt : il avait le même âge – 21 ans – qu'une partie de l'assistance lyonnaise. Ça aussi, c'est inédit chez les catholiques de l'Hexagone. Cette aube de compassion et de solidarité est un signe... >>

C'est un passage du livre qui paraît le 5 novembre chez Artège : Face à l'idole Argent, la révolution du pape François. Pardonnez-moi de me citer ainsi moi-même après avoir cité les autres ; ne voyez là qu'une volonté de contribuer à faire changer les choses. C'est urgent.

 

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* Et ça recommence : la semaine dernière, le ministère de l'Intérieur commençait à dire que les Black Blocs allaient venir dans les manifestations autour de la COP 21 – mais que, cette fois, il n'y aurait  pas assez de police disponible pour leur faire face ! On en déployait pourtant beaucoup lorsqu'il s'agissait de présenter la Manif pour tous comme une attaque contre la République...